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EXTRAIT D'INTERWEE
*A C / D C *

"AC/DC est le plus grand groupe de rock du monde !" Voilà un avis totalement partial, mais je suis intimement convaincu que des millions de terriens pensent exactement la même chose que moi. D'autres hurlent que le rock c'est Presley, Little Richard, les Stones… J'acquiesce mais je précise que c'était le rock ! Presley n'est plus là ! Little Richard fait de la couture ! Quant aux Stones, ils sont obligés de courir sur scène afin de ne pas tomber en poussière !

"AC/DC est le plus grand groupe de rock du monde !" L'histoire remonte à la fin de l'année 1973 lorsque Malcolm Young, Colin Burgess, Larry Van Kriedt, Dave Evans et Angus Young reprennent alors des standards du rock. Le nom du groupe est une suggestion de Margaret, la soeur de Malcolm et d'Angus. Elle avait repéré sur une plaque, à l'arrière de sa machine à laver, ces quatre lettres ( AC/DC) qui veulent dire, en français, courant alternatif-courant continu. Début 1974, AC/DC joue dans les clubs de Sydney, Malcolm est alors de la basse. En février, sort le premier single "Can I Sit Next To You Girl", produit par George Young, le grand frère, et Harry Vanda, tous deux membres des Easybeats dans les années 60. Deux mois plus tard, AC/DC se produit au Sydney's Victoria Park et Angus adopte sa célèbre tenue de collégien, encore sur les conseils des soeurs Young ! En août de cette même année, le groupe assure la première partie de Lou Reed en Australie et auditionne un certain Bon Scott, ex-Valentines. L'essai est plus que concluant et le premier album, High Voltage, est enregistré aux Albert Studios en dix jours, en novembre 1974, et sort officiellement le 17 février 1975. Après une apparition télévisée au "Countdown Show", où Bon Scott est vêtu d'une tenue d'écolière, et le début de l'enregistrement du deuxième album T.N.T., AC/DC accède au rang de superstar en Australie en jouant tête d'affiche au festival Hall de Melbourne.

"AC/DC, le plus grand groupe de rock du monde" débarque en Europe et donne son premier concert le 1er avril 1976 au Red Cow de Londres. Alors que le single "It's A Long Way To The Top (If You Wanna Rock'n'Roll) - Can I Sit Next To You Girl" sort en Angleterre et que "High Voltage - Soul Stripper" sort en Allemagne, AC/DC apparaît pour la première fois en France le 27 août 1976 au festival de Nîmes, participe le 29 août au festival de Reading devant 50 000 personnes et Dirty Deed Done Dirt Cheap, le troisième album, sort en Australie. Le 21 mars 1977 Let There Be Rock arrive comme un rouleau compresseur. Cliff Williams rejoint le groupe à la basse. Les tournées s'enchaînent en première partie de Black Sabbath, Reo Speedwagon, Kiss, Aerosmith, Styx, Blue Öyster Cult, Cheap Trick et Foreigner qu'il ridiculise par l'extraordinaire énergie que le groupe dégage. Quelle belle année 1978 également, puisque sortent Powerage(un de mes préférés) et If You Want Blood You've Got It, un live d'anthologie partiellement enregistré à l'Apollo de Glasgow le 30 avril. Après des centaines de concerts au cours desquels AC/DC va démontrer ce que rock'n'roll performance veut dire, le coup de grâce tombe le 27 juillet 1979 avec la sortie de Highway To Hell ! Un hymne rock gravé pour l'éternité, qui a servi à laisser tant de gomme brûlante sur le bitume irrégulier de nos sinueuses adolescences. Bordel ! Quelle révélation, le 9 décembre 1979, au Pavillon de Paris ! Deux concerts dans la même journée pour tourner le film Let There Be Rock ! Combien de litres de sueur perdus, de riffs épileptiques, de vertèbres cervicales froissées par des heures de headbanging. Combien d'esprits irrévocablement tatoués par cette machine de guerre, capable de broyer les errances d'un rock devenu parfois punk ou disco ou inconstant.

Noir c'est noir
AC/DC devient pour moi le plus grand groupe de rock du monde et l'année 1980 commence par la remise de dizaines de Disques d'Or au Midem à Cannes. Bon Scott grave une version de "Ride On" lors d'une séance d'enregistrement de Trust à Londres. Et le 19 février 1980, Bon meurt après une overdose d'alcool ayant entraîné un étouffement. Difficile de poursuivre après un tel drame et pourtant le groupe décide de continuer. Plusieurs noms circulent mais c'est Brian Johnson, alors chanteur de Geordie, qui est retenu après avoir passé une audition où il interprète "Whole Lotta Rosie" et "Nutbush City Limits", standard de Ike & Tina Turner. Back In Black, enregistré à Nassau, produit par Robert John Mutt Lange, sort le 21 juillet, quelques jours avant que je ne commence Wango Tango sur RTL. Après avoir déposé une maquette déjà hurlante sur le bureau de mon directeur, ma première émission a lieu le 8 août 1980 et consiste à passer en boucle "Back In Black", "Hells Bells", "Shoot To Thrill", "You Shook Me All Night Long", "What Do You For Money Honey", etc.

Fin 1980, le Black Album d'AC/DC s'est déjà vendu à plus de 10 millions d'exemplaires dans le monde dont deux millions en France. Dès les premiers jours de janvier 1981, les concerts continuent dans l'hexagone, en Espagne, en Belgique. Ils jouent pour la première fois au Japon en février et envahissent ensuite l'Australie et le Canada. Avant de poser leur matos à Paris, en juillet, pour l'enregistrement de For Those About To Rock We Salute You. L'album aux canons crache toute sa puissance le 23 novembre 1981 et le 2 décembre au Madison Square Garden de New York débute une nouvelle tournée mondiale. Toute l'année 1982 se passe on the road et les noctambules présents le 5 décembre au Rose Bonbon de Paris ont le plaisir de voir et d'entendre Angus jammer avec Trust.
Flick Of The Switch sort en août 1983. C'est le premier album produit par le groupe. Phil Rudd est viré pour incompatibilité d'humeur liée à des problèmes de drogue. Simon Wright devient le nouveau batteur de AC/DC après avoir répondu à une petite annonce dans le magazine anglais Sounds. En 1984, le groupe se consacre en grande partie à la promotion de Flick Of The Switch et, malgré un critique qui a plutôt mal accueilli cet album, il reste néanmoins quelques belles tranches de bravoure comme "Guns For Hire" ou "Nervous Shakedown". L'automne arrive et les Monsters Of Rock font hurler les décibels en Angleterre, Allemagne, Espagne et Italie, AC/DC est de la partie avec Ozzy Osbourne, Mötley Crüe, Van Halen et d'autres. 74 Jailbreak sort enfin des tiroirs australiens après dix ans d'attente et nous inocule "Jailbreak". Après les cloches de Back In Black, les canons de For Those About To Rock We Salute You, voilà plus petit, mais plus tenace, la mouche de Fly On The Wall qui commence son envol le 28 juin 1985. Une série de clips vidéo désopilants tournés au World's End Club de New York et quelques mémorables riffs de guitare en carton sur "Sink The Pink" ou "Shake Your Foundations". Le cinéma s'empare de AC/DC en 1986 pour la B.O. de Maximum Overdrive. Les sessions d'enregistrement de Blow Up Your Video commencent en septembre 1987 au studio Miraval en France et l'album sort en février 1988.

Histoire sans fin
Simultanément démarre la première tournée australienne depuis 7 ans, provoquant des émeutes. Malcolm quitte momentanément le groupe pour suivre une cure de désintoxication suite à de gros problèmes avec l'alcool, c'est son neveu, Stevie Young (ex-Starfighters) qui le remplace. Après une période en demi-teinte, Simon Wright quitte AC/DC fin 1989 pour rejoindre Dio (je sais pas si c'est le meilleur choix de sa vie, mais bon…). Il est remplacé par Chris Slade (ex Firm, Uriah Heep, etc.), Malcolm revient et Razors Edge arrive en septembre 1990. Quel retour ! Quel morceau ce "Thunderstruck" ! A ce moment-là, AC/DC a vendu 60 millions de galettes ! Et re-tournée, malheureusement endeuillée, le 18 janvier 1991, par les décès de trois fans écrasés à Salt Lake City. Durant l'année 1992, AC/DC travaille sur un Live simple, et un Live double, une édition spécial collector, avec une version dantesque de 14 minutes de "Jailbreak". Le cinéma recontacte le groupe en 1993 et AC/DC se fend d'un remarquable inédit, "Big Gun", pour la B.O.F. de Last Action Hero, rappelez-vous le vidéo clip du titre avec Arnold déguisé en Angus Young et tapant le petit riff qui va bien. La vie des grands de l'histoire du rock est jalonnée de dates, AC/DC n'échappe pas à cette règle. Une renaissance totale s'amorce avec le retour de Phil Rudd derrière les fûts en 1994 et surtout la sortie de Ballbreaker en septembre 1995. Les morceaux sont puissants et proches de la voix de Brian. J'ai fait les deux Bercy de la tournée qui a suivi, je suis même allé au Mexique pour les voir, je me demande toujours comment ils font. La rythmique basse, batterie version Zeus en grande forme. La complicité, la dualité, l'électricité des deux frangins restent une énigme pour moi, c'est le genre de plan qui ne s'explique pas, ça se vit seulement ! Les années Bon Scott vont resurgir en 1997 sous la forme du coffret Bonfire. A l'intérieur, "Live From The Atlantic Studios", "Volts" un CD avec inédits, "Let There Be Rock The Movie Live In Paris" pour lequel – et en toute modestie – je suis crédité sur le livret intérieur en tant qu'assistant archiviste. Allez, je vous raconte l'histoire. Arnaud Durieux, que vous ne connaissez pas encore, est un fan d'AC/DC depuis qu'il est très, très jeune. Quand je hurlais à la mort dans Wango Tango sur RTL, il m'amenait déjà des K7 de concerts enregistrés aux quatre coins du monde. Il a grandi avec sa passion et est parti aux States pour travailler dans l'industrie du disque, nouant une solide amitié avec les frères Young, George y compris. Lorsque le coffret Bonfire était en cours d'élaboration, il m'a appelé en me posant une question de la part du groupe : "Est-ce que tu n'as pas des bandes stéréo du concert du Pavillon de Paris qui a servi pour le film Let There Be Rock, parce qu'il leur manque "Bad Boy Boogie" et "Walk All Over You" ?" Quelques heures de recherche dans mon grenier, et je mets la main sur le joyau. Le lendemain, un coursier arrive de Londres afin de récupérer le Graal. Ils n'étaient pas obligés de me créditer, ils l'ont fait. Leur destin se mêle ainsi encore plus au mien, c'est certainement ce qui m'a poussé, le 1er février 2000, à diffuser deux extraits du titanesque Stiff Upper Lip bien avant la sortie mondiale. Comment cela est-il possible ? Nous allons dire que les cigognes livrent parfois des K7 un peu en avance ! Parlons plutôt de Stiff Upper Lip, le côté bluesy de Powerage et les imparables compositions d'un Back In Black – le meilleur album d' AC/DC des dix dernières années ? Ça c'est sûr ! Que demander de plus ? Des concerts de deux heures et demie, où toute la salle ne fait qu'un ! Des têtes qui oscillent d'avant en arrière sur "Highway To Hell", "The Jack", "Hell's Bells", "Whole Lotta Rosie" ! Des mains crispées sur des manches de guitares imaginaires ! Eh, les mecs d'AC/DC, continuez comme ça, vous êtes vraiment le plus grand groupe de rock du monde ! --Francis Zegut suite RETOUR